Du haut de son pantalon séchant

Construction musicale autour d’un poème et de quelques images tournées dans une forêt où je passe le maximum possible de mon temps libre.

« Humphrey regarde la nuit Du haut de son pantalon séchant
Que l’on voit faire semblant de voler entre deux eaux

Il s’est assis sans rien dire, on l’aurait cru mort
S’il n’avait ouvert les yeux pour murmurer sa peau

Il a encore un corps et noie une série de dés sous la lune rouge
Comme les citrouilles gigantesques et malades qui lui ont volé sa chair

Nous avions cru ensemble que le soleil avait perdu sa colère
En devenant bleu comme une tortue tâchée par la mer

Des siècles de tristesse sont passés sous les rumeurs
Des livres jaunes d’où son nom disparait

La nuit hésitante court encore un peu
Mais elle s’essoufle, comme lui

De sa bouche sortent quelques morts au goût d’alcool
Une vitre déjà, entre le monde et lui

J’aurais voulu lui tendre la main pour l’arracher au vide
Effaçant l’espace où il s’était vu mourir

Il a refusé de l’attraper laissant la douleur amortir sa chute
Vers les glissants urbains

Je suis revenu à Beck, l’odeur de la foudre dans les yeux
Des larmes de sueur coulant dans l’estomac

Humphrey mort ou vide, comme le chambranle pourri d’une porte
Ouverte sur l’à peu près d’un corps oublié

Le brouillard sur le dos, les mains attachées par la pluie
J’aurais voulu qu’il emporte aussi le nom de Dieu

Pour l’enterrer au pied des arbres, avec la fumée de ses doigts
En se grattant la tête pour trouver une entrée

Ou au moins un début de fêlure sur la vitre sans tain

Qui protège protège Humphrey de la rage des hommes »